jeudi 17 avril 2014

Périple en Amérique Latine (63) : Jour des Héros à Asunción (1er mars 2014)

Nous voici donc à Asunción, la capitale du Paraguay, cet Etat un peu méconnu, totalement enclavé, de l'Amérique du Sud. 6 millions d'habitants dont presque la moitié vit dans l'agglomération de la capitale; son nom complet est La Muy Noble y Leal Ciudad de Nuestra Señora Santa Maria de la Asunción ("la Très Noble et Loyale Cité de Notre Dame Sainte Marie de l'Ascencion").
 
Une particularité : il y a ici 2 langues officielles, l'espagnol et le guarani. Cette dernière est la langue que parlaient les Indiens Guaranis qui vivaient dans la forêt tropicale avant la colonisation et qui ont été pour la plus grande part exterminés par les Espagnols, puis lors la Guerre de la Triple Alliance il y a déjà longtemps. Mais, avant que ces Guaranis soient réduits à l'état de tribus de quelques milliers d'individus seulement, les Jésuites qui étaient en charge de leur évangélisation et qui avaient comme projet de créer une République autonome au Paraguay, avaient eu le temps de promouvoir la langue de ces Guaranis comme langue nationale. Cette situation inédite s'est perpétuée jusqu'à nos jours : le guarani, la langue d'un peuple quasi disparu, est maintenant la langue parlée par la plupart des paraguayens.
Notre première visite à Asunción commence par un bon repas. Cela fait presque 24 heures que nous n'avons pratiquement rien avalé, à part un misérable sandwich qui nous a été distribué dans le bus de nuit. Même pas un petit déjeuner ce matin ... Nous cherchons un restaurant qui nous est indiqué dans le plan que nous a donné l'hôtel. Nous ne le trouvons pas mais nous tombons sur une churrisqueria - un restaurant spécialisé dans les viandes rôties - pas mal du tout. Elle s'appelle O Gaucho, ce qui est une référence ici ... Le principe du repas est simple . Pour un prix fixe de 82000 guaranis paraguayens par personne - environ 15 € -, on a des viandes rôties de toutes sortes à volonté, un buffet d'entrées, un buffet d'autres plats cuisinés et de légumes, un buffet de desserts.
 
Une fois sortis de table, nous avons mangé pour la journée. Michèle s'est tellement gavée que sa digestion est difficile toute l'après-midi ... Pendant le repas, un chanteur brésilien entonne régulièrement le "Bon anniversaire" en espagnol et portugais (il doit y avoir des Brésiliens dans l'immense salle à manger).
Conscients que nous devons faire quelque chose pour éliminer au moins en partie toutes ces calories superflues, on décide d'aller à pied jusqu'au centre ville d'Asunción. C'est assez loin - 5 kms environ - et il fait désormais très chaud - plus de 35° à l'ombre -. On doit acheter 3 bouteilles d'eau minérale pour accomplir cet exploit !
On traverse d'abord des quartiers très huppés, avec des maisons splendides - certaines font penser à celles d'Hollywood -, protégées par des systèmes de surveillance, des barbelés ou des barrières électriques. Visiblement, s'il y a des riches à Asunción, il doit aussi y avoir des pauvres qui essayent de s'enrichir en forçant le destin ... En approchant du centre, on traverse les quartiers que doivent habiter ces pauvres-là parce que le standing des maisons baisse fortement.
Centre commercial "Patio de Gaulle"
Immeubles du centre-ville
Voilà pourquoi l'hôtesse de notre hôtel nous a dit qu'elle nous déconseillait fortement de revenir du centre de la ville à l'hôtel une fois la nuit tombée ... Finalement, on tombe sur le quartier historique que nous visiterons demain avec un guide. Vu l'état de fatigue de Michèle, on s'arrête dans 2 squares.
Dans le Square des Héros, un groupe de personnes - dans lequel se trouve un prêtre en soutane -  semble échanger des propos sur la politique. Certains portent des drapeaux paraguayens sur le dos.
Difficile de comprendre de quoi il retourne exactement. Mais à l'allure et au sourires des participants, on comprend que le ton est comique ou ironique ... Difficile d'en dire plus.
J'ai oublié de dire qu'aujourd'hui c'est une fête nationale, le Jour des Héros. On remercie ceux qui ont lutté vaillamment contre l'extermination du peuple paraguayen entreprise par les gouvernements du Brésil, d'Argentine et d'Uruguay réunis au sein de la Triple Alliance dans la guerre qu'ils menèrent contre le Paraguay entre 1865 et 1870, avec le soutien des Anglais. A l'époque, le Paraguay se développait économiquement très vite sans ouvrir ses frontières, et il faisait de l'ombre aux intérêts commerciaux de sa Gracieuse Majesté au Brésil et en Argentine. L'aveuglement d'un Président paraguayen qui s'estimait à tort en situation de gagner la guerre, et la volonté de ses deux grands voisins de récupérer des terres qu'ils estimaient leurs depuis très longtemps, aboutirent à une guerre totale et à un véritable génocide, totalement méconnu chez nous.  On pense qu'environ 3/4 des Paraguayens de sexe masculin ont été tués pendant cette guerre. Il est ensuite resté environ 4 femmes paraguayennes pour un homme ...  Le Paraguay ne s'en est jamais vraiment remis.
Le long du Rio Paraguay, les familles se promènent ou louent des vélos, des tricycles, des patins à roulettes pour leurs enfants.
Beaucoup déambulent avec leur équipements pour faire et boire le terere, la version froide du mate.
Travail du dimanche
Sur le fleuve (qui est navigable), un garde-côtes de la marine paraguayenne est amarré, ses 2 canons pointant vers le large.
Drôle de voir comment un pays qui n'a aucun débouché vers la mer a tout de même une marine... Comme la Suisse et sa marine du Lac Léman qui se préparent dans l'hypothèse d'un débarquement français à venir ... Ici, c'est l'Argentine qui n'a qu'à bien se tenir .,.
Les minibus d'Asunción, peints de couleurs vives. Dios con nosotros, Bebe bus
 
 

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